
Depuis le début des menaces de Donald Trump contre le Canada, j’ai espéré que le bon sens finirait par l’emporter. Malheureusement, son administration a choisi l’escalade, en imposant maintenant des tarifs insensés de 25 % sur l’importation d’aluminium canadien. Nous sommes désormais en pleine guerre commerciale avec notre principal partenaire économique, et c’est les travailleurs et travailleuses qui en paieront le prix.
Ces tarifs absurdes auront des conséquences concrètes et immédiates sur nos membres, notamment les 2000 confrères et consœurs embouteilleurs que je représente fièrement au sein de la section locale 1999 des Teamsters. Le Québec est au cœur de cette tempête. Notre aluminium, produit ici même, sera désormais beaucoup trop cher une fois transformé en canettes aux États-Unis et réimportées. Nos embouteilleurs devront affronter la hausse drastique du coût de leur matière première, et la consommation de leurs produits pourrait être menacée.
Cette décision du gouvernement Trump doit agir comme un électrochoc pour notre économie. Il est plus urgent que jamais de rebâtir ici même, au Québec et au Canada, notre capacité industrielle. Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, nous fabriquions localement les canettes utilisées sur nos chaînes d’embouteillage. Pourquoi avons-nous abandonné ces capacités stratégiques essentielles à la merci d’une politique étrangère aussi imprévisible ?
Il est temps d’agir, de lancer une véritable stratégie de réindustrialisation du Québec et de favoriser une économie fondée sur la transformation locale de nos matières premières. Retrouvons le contrôle sur nos chaînes d’approvisionnement en relocalisant chez nous la fabrication et la transformation de l’aluminium. Ainsi, nous réduirons notre dépendeuse à des économies externes, qui peuvent à tout moment devenir hostiles à notre égard.
Quant à moi, je m’attends à ce que le gouvernement canadien, et le gouvernement du Québec en collaboration avec les autres provinces, offrent dès maintenant un soutien concret et immédiat aux travailleurs et travailleuses affectés par ces tarifs, ainsi qu’à leurs familles. Les paroles et autres grandes déclarations n’ont plus leur place. Nous avons besoin d’un plan solide et de gestes concrets. Même si on sait que ça prendra du temps, faisant dès maintenant les premiers pas!
Chose certaine, mes confrères et consœurs peuvent compter sur moi et sur le Local 1999, leur local, pour continuer à défendre leurs intérêts avec toute la vigueur nécessaire dans les mois difficiles à venir. Je demeure convaincu qu’ensemble, en misant sur notre solidarité et sur notre capacité à nous réinventer, nous sortirons plus forts de cette épreuve.
Jean-François Pelletier
Président, Section locale 1999 du Syndicat des Teamsters