PL85 : pression inacceptable pour les travailleurs et travailleuses du commerce de détail

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Avec le projet de loi 89, qui vise à donner au ministre du Travail du Québec des pouvoirs inédits pour mettre fin aux conflits de travail, la CAQ a démontré, à ceux qui hésitaient encore, que c’était un parti à la solde des grandes entreprises, qui ne se soucie aucunement des conditions des travailleurs québécois.

À juste titre, la présentation de ce projet de loi a été hautement médiatisée. Rapidement, des acteurs de tous les milieux l’ont décrié, et tout porte à croire qu’une vaste coalition le combattra, et sera de la contestation juridique.

Mais il y a un autre projet de loi qui aurait dû attirer l’attention, mais qui est essentiellement sous silence. Il s’agit du projet de loi 85.

Baptisé « Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d’allègement du fardeau réglementaire et administratif », ce projet de loi a été déposé à la fin de l’année 2024, par le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete.

La vie des travailleurs et travailleuses du commerce de détail bouleversée

À vue de nez, ce projet de loi semble anodin. Après tout, par son nom, il ne semble que vouloir éliminer des règles et règlements à des fins d’efficacité. Mais lorsqu’on prend le temps de lire son contenu, on se rend compte qu’il s’agit d’un projet de loi qui pourrait profondément impacter, sinon chambouler, la vie de dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses du commerce de détail au Québec.

En effet, la PL85 vise à permettre, entre autres, à certains commerces d’opérer plus longtemps, plus souvent. Autrement dit, on pourrait même voir des Wal-Mart ou de grandes chaînes d’alimentation, par exemple, opérer 24 heures sur 24.

Pour les employés actuels, ça veut dire des heures de travail chamboulées. Ce sont des parents, des proches, des amis, qui devront composer avec des quarts de travail se terminant très tard, ou très tôt, ou en plein milieu de la nuit, avec toutes les complications que ça implique. Pour les nouveaux employés, ça veut dire les horaires les plus difficiles dès le départ, et des sacrifices importants, mais, pourquoi au fond?

Il ne faut pas se leurrer, ce projet de loi vise seulement à permettre aux grands détaillants de faire plus d’argent. En offrant des heures étendues, ils visent à attirer plus de clients. Autrement dit, c’est la vie des travailleurs et travailleuses qui sera chamboulée, tout ça pour que les Wal-Mart de ce monde puissent faire encore plus d’argent.

En tant que président de la Section locale 1999, je représente des milliers de travailleurs et travailleuses du commerce de détail. Je veux aujourd’hui les assurer que notre local suivra attentivement les développements dans ce dossier, et ira au front pour protéger ses membres concernés.

Ce projet de loi ne représente pas seulement un bouleversement important pour les travailleurs et travailleuses des grands commerces, mais également pour les petits commerces! Déjà qu’ils ont de la difficulté à survivre face aux géants, des heures étendues que seuls les mastodontes arriveraient à offrir pourrait bien entrainer la fermeture de plusieurs établissements.

Un clip circule actuellement sur le web où l’on voit François Legault, en 2006, alors qu’il était porte-parole de l’opposition officielle en matière de Développement économique et Finances, s’opposer à ce que les grands commerces restent ouverts plus longtemps, disant que c’était de la concurrence déloyale envers les petits commerces, qu’il fallait alors protéger.

C’est choquant de voir comment le premier ministre a changé son fusil d’épaule avec les années. En tous les cas, tous doivent s’unir contre l’agenda du premier ministre du Québec et de son parti politique, hostile envers les travailleurs et travailleuses du commerce de détail, et hostile envers les petits commerçants.

Jean-François Pelletier
Président, Local 1999 du Syndicat des Teamsters