Par Jean-François Pelletier

Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump semble déterminé à entraîner le Canada dans une guerre commerciale aussi absurde qu’imprévisible. Aujourd’hui, les tarifs qu’il brandit comme des menaces ne sont plus simplement théoriques. L’acier, l’aluminium, l’automobile, l’agriculture, et tant d’autres secteurs clés de notre économie sont déjà fragilisés. Les travailleurs québécois en subissent les conséquences, même si on évite d’en parler publiquement, comme si l’urgence n’était pas réelle. Pourtant, elle est bien concrète.
En plein milieu des élections fédérales, il est indispensable de rappeler aux candidats que derrière les statistiques froides et les négociations diplomatiques se cachent des emplois réels, des familles québécoises, des vies bouleversées par ces guerres économiques à répétition. Dans les usines, dans les entrepôts, sur les routes et dans les commerces, des milliers de travailleurs et travailleuses voient déjà leurs emplois menacés. La situation exige une réaction immédiate et forte des gouvernements, fédéral comme provincial.
Le prochain gouvernement fédéral doit s’engager à appuyer activement les travailleurs et travailleuses touchés. Il ne suffit plus d’offrir de vagues promesses ou d’attendre que la tempête passe. Il faut garantir des protections concrètes, assurer un soutien financier direct aux entreprises en difficulté à condition qu’elles maintiennent leurs emplois, accélérer la mise en place de programmes de formation professionnelle pour permettre à ceux qui perdront leur emploi de se reconvertir rapidement, et renforcer les programmes de travail partagé pour éviter des licenciements massifs.
Québec doit également prendre ses responsabilités. Le gouvernement provincial dispose des outils nécessaires pour protéger son économie locale et appuyer les travailleurs. Pourquoi ne pas lancer rapidement des projets d’infrastructure, donnant ainsi la priorité à l’emploi local et syndiqué ? Pourquoi ne pas mettre en place dès maintenant des comités régionaux de relance, en partenariat direct avec les syndicats et les entreprises, pour anticiper et amortir le choc économique qui s’annonce ?
Il est aussi grand temps de sortir de notre dépendance envers le marché américain. Le prochain gouvernement devra encourager une réelle diversification commerciale et une relocalisation de certaines activités essentielles au Québec. Nous devons produire davantage ici, consommer davantage localement, et ainsi réduire notre vulnérabilité face aux caprices politiques de nos voisins du Sud.
La période électorale actuelle doit servir à exiger des engagements clairs et précis. Les travailleurs et travailleuses québécois méritent un gouvernement qui agit avec courage et détermination et qui refuse de rester passif face aux menaces commerciales extérieures.
Les Teamsters savent qu’ils pourront toujours compter sur leur syndicat pour défendre leurs emplois et leurs conditions de travail. Maintenant, nous voulons aussi pouvoir compter sur le prochain gouvernement fédéral, et le gouvernement provincial, pour faire de même.
Jean-François Pelletier
Président
Section locale 1999
Syndicat des Teamsters