Par Jean-François Pelletier, Président, Local 1999 du Syndicat des Teamsters
Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump semble déterminé à entamer une guerre commerciale avec le Canada. Ses motivations sont farfelues, mais il appartient à ses électeurs, le peuple américain, de le juger.
Soufflant constamment le chaud et le froid, il est difficile à suivre. Au tout début de son mandat, sa menace d’imposer des tarifs de 10% sur toutes les importations en provenance du Canada a fait couler beaucoup d’encre. Suivant des négociations et des concessions, elles ont été repoussées d’un mois. Depuis, il menace maintenant d’imposer des tarifs de 25% sur les importations d’aluminium canadiennes. En riposte, le gouvernement canadien menace d’imposer des tarifs de 25% sur l’importation de produits fabriqués avec de l’aluminium canadien aux États-Unis.
Bien que nous sommes à moins d’un mois de la date d’imposition sur ce tarif, le 12 mars 2025, il ne semble pas y avoir de sentiment d’urgence auprès des gouvernements et de la population. Et pourtant, laissez-moi vous dire qu’il y a des dizaines de milliers d’emplois qui seront mis en péril si de tels tarifs devaient voir le jour.
Je pense, entre autres, aux 2000 confrères embouteilleurs du Local 1999 du Syndicat des Teamsters. Imaginez! De l’aluminium est fabriqué au Québec. La compagnie américaine Ball importe l’aluminium canadien, pour 25% plus cher, et fabrique des canettes. Par la suite, ces canettes américaines sont achetées au Canada par Coca-Cola, Pepsi et Molson, où nos confrères embouteilleurs travaillent, 25% plus cher, et ce, par-dessus le 25% des tarifs américains que Ball risque de leur refiler.
Au final, chaque canette de breuvage coutera plus de 50% plus cher en matière première. Ça fera monter le prix au client, ce qui peut engendrer une baisse marquée de la consommation, mettant les emplois dont il est ici question en danger.
Des histoires comme celle que je vous expose, ici, il y en aura des dizaines de milliers au Canada. L’économie du Canada et celle des États-Unis sont interreliées. Une guerre tarifaire, peu importe sa nature, causerait des dommages importants. Il y a d’autres manières de régler des différends que de menacer les emplois de dizaines de milliers de personnes.
Maintenant, si les tarifs venaient à passer, je ne m’attends à rien de moins du gouvernement canadien qu’un support total des travailleurs et travailleuses qui seront touchés, afin d’éviter l’effet domino désastreux que sont des pertes d’emploi.
En tous les cas, cette situation doit nous faire réaliser à quel point notre économie dépend des États-Unis, et il est sans doute temps d’explorer rapidement d’autres avenues commerciales, de trouver de nouveaux partenaires, et de produire davantage de biens ici même.
Quoi qu’il en soit, nos membres embouteilleurs pourront toujours compter sur le soutien de leur syndicat dans les mois à venir, et nous ferons tout en notre pouvoir pour protéger leurs emplois.